Gabon : Êtes-vous réellement protégé quand vous prenez un verre dans un snack ?

C’est évident que ces endroits de détente sont plébiscités par les jeunes et même les plus âgés pour s’évader ne serait-ce que quelques heures, afin de se détendre. 

Dans cette article, nous ne parlerons pas des boîtes de nuit, car à l’inverse des snacks bars, ils constituent de très gros investissements dès la construction. De ce fait les normes de sécurité sont imposées dès la phase de conception. 

 

Vous avez surement constaté qu’il existe de plus en plus de snacks bars de proximité dans les quartiers sous intégrés mais également dans les quartiers huppés comme Louis, qui regroupe par exemple les grandes discothèque du Gabon. 

 

Ces snacks bars sont le plus souvent la résultante des modifications de studios ou de maisons de manière anarchique, sans prendre en compte l’effectif d’accueil probable du futur snack. L’objectif est clair : Gagnez de l’argent en attirant le maximum de clients possible.

La sécurité du client ne fait pas parti des préoccupations.

 

 

La quasi-totalité des snacks bar au Gabon ne respectent pas les normes établies par l’État

 

L’Article 26 du décret 627 /PM-MI-CAB-SNPC portant réglementation des mesures de sécurité à prendre contre l’incendie et la panique dans les immeubles recevant du public stipule : « Les dégagements ne doivent pas comporter de rétrécissement sur leur parcours utilisé par le public pour gagner les sorties. Ils ne doivent pas présenter de cheminements compliqués ou de coudes brusques ni former de culs-de-sac importants.

Les dégagements généraux et escaliers doivent être disposés de manière que les courants du public se dirigeant vers les vestibules et les sorties ne puissent se heurter ».

Le plus souvent, les dégagements généraux de ces établissements  sont  encombrés de casiers, tables, de petits salons, chaises, etc. Certains mettent même des chaînes et des barres de fer pour séparer les espaces (VIP etc.). 

 

Dans d’autres snacks, vous retrouver parfois à l’intérieur une marches d’escalier perdue dans la salle de manière inexpliquée et incompréhensible. Je vous laisse imaginer en cas d’évacuation rapide ce qui pourrait se passer.

 

Issus de secours

 

L’article 29 du même décret stipule : « Des inscriptions bien visibles de jour comme de nuit doivent indiquer au public la direction des chemins vers les escaliers de sorties ».

En réponse à cette article, je vous poserai une seule question : « Avez-vous déjà été interpellé par une Lumière ou une signalétique vous indiquant la sortie de secours dans un snack-bar au Gabon ? »

 

● Calcul de l’effectif

 

L’Article 33 du décret 627 /PM-MI-CAB-SNPC portant réglementation des mesures de sécurité à prendre contre l’incendie et la panique dans les immeubles recevant du public stipule : « Les établissements ou locaux recevant moins de 501 personnes doivent être desservis dans les conditions suivantes :

A- Ceux recevant de 20 à 50 personnes : par au moins deux sorties donnant sur l’extérieur, sur un dégagement ou sur des locaux différents non en cul-de-sac. L’une des sorties peut n’avoir que 0m,80, l’autre peut être établie dans les conditions fixées à l’article 35.

B- Ceux recevant de 51 à 100 personnes : par au moins deux sorties de 0,80 m ou par une de 1m40. Dans ce dernier cas, cette sortie doit être complétée par une sortie supplémentaire qui peut être établie dans les conditions fixées à l’article 40.

C- Ceux recevant de 101 à 200 personnes : par au moins deux sorties normales ayant chacune une largeur totale de trois unités de passage ....»

 

Les bâtiments qui servent d’établissements de distraction la nuit sont souvent des maisons rénovées, qui abritaient auparavant au maximum 10 personnes, pour accueillir entre 60 et 90 personnes. 

 

 « Nous sommes plein », cette phrase est simplement utilisée pour filtrer les entrées mais en réalité il n’y a aucune limite. 

 

Parfois, ces snacks bars reçoivent jusqu’à 100 personnes voir plus, et pourtant dépourvus d’une sortie de secours, si ce n'est la porte arrière de la cuisine conçu pour faire passer une seule personne à la fois (une unité de passage de 0,80).

 

Pourtant l’article 116 du décret 627 /PM-MI-CAB-SNPC portant réglementation des mesures de sécurité à prendre contre l’incendie et la panique dans les immeubles recevant du public est très clair : « Les infractions au présent décret seront passibles de sanctions administratives suivantes :

1- Fermeture provisoire de l’établissement en vue des modifications et transformations différentes ;

2- Retrait du permis d’exploitation pendant une période de six mois. En cas de récidive, un retrait définitif. »

 

 

Autres dangers présents dans les boîtes de nuit et snacks au Gabon

 

  • Ajouter à ce sombre tableau, le risque électrique et d'incendie liés aux installations anarchiques et à l’utilisation abusive des multiprises (vu que ces maisons n'ont pas été construites pour abriter autant d'appareils électriques).
  • La non-formation du personnel : Sauveteur secouriste, comportement à avoir en cas d’évacuation, manipulation des extincteurs etc.
  • Pas de défibrillateur en cas d’arrêt cardiaque.
  • parfois même aucun extincteurs pour combattre tout début de feu.
  • Les moyens de ventilation sont inexistants (pour éviter que les fumées envahissent rapidement la salle en cas d’incendie.) 

L’Article 68 du décret 627 /PM-MI-CAB-SNPC portant réglementation des mesures de sécurité à prendre contre l’incendie et la panique dans les immeubles recevant du public précise portant : « un système rationnel et efficace de ventilation mécanique, naturelle ou mixte, doit être installé dans toute les parties de l’établissement ouverte au public ou occupé par le personnel. 

La ventilation doit être suffisante pour empêcher une élévation exagérée de la température et pour renouveler l’air des locaux »

NB : Attention nous parlons pas de la climatisation.

 

 

Ce magnifique texte d’une dizaine de pages qui vise la réglementation des établissements publics est malheureusement méconnu du public. Et même s’il est très complet, il date de 1972  et signé par Albert Bernard Bongo.

C’est néanmoins le seul texte concernant les risques d’incendie et de panique dans les établissements recevant du public. 

Quand on sait que son équivalent en France, l’arrêté du 25 juin 1980 compte 3 livres voire plus afin de mieux cerner les problématiques de sécurité dans les ERP à tous les types d’établissements. 

 

D’ailleurs tous les professionnels au Gabon s’appuient sur les textes français qui ne cadrent pas forcément avec la réalité de notre pays. 

 

Au vu du nombre fréquent d’incendie, le Gabon à vivement besoin de plusieurs arrêtés issus de ce magnifique décret afin de faire bouger les choses dans ce secteur.

 

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