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Air Afrique, symbole d’un gâchis à l'africaine

 

En 1961, quatorze pays africains fraîchement indépendants décidèrent de s’unir pour créer ce qui allait devenir la plus ambitieuse entreprise de transport aérien du continent : Air Afrique.

 

Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Tchad, Côte d'Ivoire, Gabon, Mali, Mauritanie, Niger, République du Congo, Sénégal, Sierra Leone et Togo mirent en commun leurs ressources pour bâtir un symbole de souveraineté et d'intégration africaine.

 

 

Un rêve africain aux décollages prometteurs

 

Les débuts d’Air Afrique sont brillants. Grâce à la mutualisation des moyens techniques et humains, la compagnie connaît une croissance rapide. Elle relie les capitales africaines entre elles, puis se tourne vers l’Europe et les États-Unis. Les revenus générés sont énormes, et l’espoir d’une Afrique unie et prospère semble à portée de main.

 

Air Afrique devient vite le fleuron du transport aérien africain et un outil de fierté pour des millions d’Africains. À l’époque, elle symbolise une Afrique qui vole de ses propres ailes, dans tous les sens du terme.

 

 

 

Corruption et clientélisme : les racines du crash

 

Mais très vite, ce rêve vire au cauchemar. La corruption s’installe au cœur de la gestion de la compagnie. Les hautes sphères des gouvernements actionnaires vont détourner l’usage de la compagnie à des fins personnelles.

 

Chaque vol est peu à peu transformé en navette privée pour les familles et proches des présidents et ministres. Cousins, maîtresses, amis personnels… tous voyagent gratuitement, grévant les revenus de la compagnie. Il n’est pas rare qu’un avion à destination de New York décolle avec la moitié des passagers ne payant pas un centime.

 

 

Le gaspillage ne s’arrête pas là. Des postes clés sont confiés à des proches sans qualification, transformant l’entreprise en un monstre bureaucratique incompétent. L’efficacité et la rentabilité s’effondrent, et avec elles, la réputation et la viabilité de la compagnie.

 

 

Une dette colossale et une lente agonie

 

Dès 1980, soit moins de 20 ans après sa création, Air Afrique accuse une dette de 200 milliards de Francs CFA. Une somme gigantesque, reflet d’années de mauvaise gestion, de vols gratuits et d’embauches clientélistes.

 

Le déficit ne fait que s’aggraver. Malgré les appels à la réforme, les aides internationales et les promesses des États, rien ne change vraiment. Les habitudes de détournement et d’impunité ont pris racine trop profondément.

 

 

2002 : l’atterrissage final

En 2002, Air Afrique fait faillite. La plus grande compagnie aérienne panafricaine, jadis symbole d’espoir et de coopération, disparaît définitivement des radars.

 

Cette faillite est bien plus qu’un échec économique. Elle est le reflet d’un modèle de gouvernance désastreux, hérité des débuts post-coloniaux et encore trop souvent visible aujourd’hui : mélange de népotisme, d’impunité et de mépris pour l’intérêt collectif.

 

 

Une leçon pour l’Afrique d’aujourd’hui

 

L’histoire d’Air Afrique ne doit pas être oubliée. Elle montre que même les plus belles ambitions peuvent être détruites par la mauvaise gouvernance. Mais elle nous enseigne aussi qu’avec une volonté réelle de transparence, de compétence et de rigueur, l’Afrique peut rebâtir des entreprises puissantes, utiles et durables.

 

A notre échelle au Gabon, on peut parler de la SEEG. Qu'en pensez-vous ?

 

✍️ Par la Rédaction – Le Petit Journal de BEKS

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Le loup (jeudi, 29 mai 2025 08:48)

    Le plus grand problème de l'Afrique et des africain n'est pas la vision et la compétence mais, le tribalisme, l'egocentrisme, le népotisme.