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Charles N’Tchoréré : Un héros Gabonais tombé pour l’honneur de l’uniforme.

 

Libreville, 15 novembre 1896 – Airaines, 7 juin 1940 : ces deux dates marquent le destin exceptionnel de Charles N’Tchoréré, officier français d’origine gabonaise, qui a servi avec courage et dignité dans les deux guerres mondiales. Sa vie et sa mort illustrent l’engagement indéfectible des soldats africains pour la France.

 

 

Une vocation née dans les colonies

 

Né dans une famille notable de Libreville, Charles N’Tchoréré reçoit une éducation rigoureuse à Montfort. Il débute sa vie professionnelle dans le commerce, au Cameroun, alors colonie allemande. Mais lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, il quitte le territoire et regagne le Gabon pour se porter volontaire en 1916.

 

Après la guerre, il choisit de poursuivre une carrière militaire. Promu adjudant en 1919, il combat au Maroc avant d’intégrer l’école des officiers de Fréjus, d’où il sort major en 1922. Envoyé au Levant, il est grièvement blessé en Syrie. Ses faits d’armes lui valent la Croix de guerre avec étoile d’argent et une citation à l’ordre de la division en 1925.

 

Un officier respecté, un formateur engagé

 

Dans les années suivantes, Charles N’Tchoréré occupe plusieurs postes de responsabilité. Affecté au ministère de la guerre, puis au Soudan, il commande la compagnie hors-rang du 2e Régiment de Tirailleurs Sénégalais (RTS) à Kati, tout en dirigeant l’école des enfants de troupe.

 

Il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur en 1930, puis promu capitaine en 1933. À Saint-Louis du Sénégal, il poursuit sa mission de formateur auprès de jeunes recrues africaines.

 

Un sacrifice pour l’honneur

 

À l’approche de la Seconde Guerre mondiale, en septembre 1939, N’Tchoréré se porte volontaire pour le front avec un bataillon gabonais. Affecté au camp de Sauge, puis sur la Somme, il prend la tête de la 7e compagnie du 53e RICMS. Le 7 juin 1940, à Airaines, alors que les troupes françaises sont débordées par les forces allemandes, il est capturé avec ses hommes.

 

Malgré son grade et ses insignes d’officier français, les soldats allemands refusent de le reconnaître comme tel en raison de sa couleur de peau. Refusant de se soumettre, le capitaine Charles N’Tchoréré est exécuté sommairement d’une balle dans la tête.

 

 

Un héros honoré par la mémoire nationale

 

La bravoure de Charles N’Tchoréré lui vaut, à titre posthume, une citation à l’ordre de la division en octobre 1940, puis à l’ordre du corps d’armée en 1954, accompagnée de la Croix de guerre avec étoile de vermeil.

 

Sa vie, exemplaire, incarne le dévouement des 80 000 soldats africains engagés pour la France durant la Seconde Guerre mondiale.

 

Pédagogue et humaniste, il avait rédigé un rapport sur la promotion sociale des sous-officiers africains, largement adopté dans les forces coloniales.

 

En 1957, l’école de formation des officiers d’outre-mer donne son nom à une promotion. En 2014, la 198e session de l’Institut des hautes études de Défense nationale (IHEDN) choisit également de porter son nom, rendant hommage à cet homme d’honneur.

 

Son monument à Libreville a été entièrement rénové en fin 2024 à l’initiative des autorités Gabonaises.

 

À nous le souvenir, à lui l’immortalité.

 

Steeven BEKALE 

 

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