Gabon : Les dérives d'une non connaissance du CSST

 

 Dans les pays d’Afrique francophone, l’obligation de sécurité de l’employeur envers ses salariés est souvent mal comprise.

 

Pourtant, elle est claire : garantir un environnement de travail sûr et salubre.

Mais cette obligation mal mise en œuvre entraîne des dérives : 

 

𝐅𝐚𝐮𝐭𝐞 𝐢𝐧𝐞𝐱𝐜𝐮𝐬𝐚𝐛𝐥𝐞 de l’employeur en cas d’accident grave du salarié, ou

 

𝐅𝐚𝐮𝐭𝐞 𝐢𝐧𝐭𝐞𝐧𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐥𝐞 du salarié victime de l’accident parce qu’il n’aurait pas respecté les consignes.

 

Les employeurs se sont engouffrés dans cette brèche.

Ne sachant pas comment mener efficacement leur démarche de prévention, 

les employeurs ont choisi d'imputer la faute au salarié en invoquant à chaque fois la faute intentionnelle rn cas d'accident. 

 

Résultat ? Les employeurs se protègent juridiquement en 𝐬𝐮𝐫-𝐫𝐞𝐬𝐩𝐨𝐧𝐬𝐚𝐛𝐢𝐥𝐢𝐬𝐚𝐧𝐭 les salariés au lieu de les protéger.

 

À chaque analyse d’arbre des causes après un accident du travail, les mêmes conclusions reviennent inlassablement:

 

le responsable serait soit le comportement du salarié, soit le matériel défectueux.

Jamais, ou presque jamais, les causes organisationnelles ou relationnelles ne sont mises en lumière.

C’est l’un des effets pervers de l’absence d’un CSST structuré et actif dans l’entreprise.

 

Lorsqu’un QHSE est seul chargé de réaliser l’arbre des causes, il est logique que l’analyse se limite aux facteurs humains ou matériels.

 

En effet, sa mission se concentre principalement sur les risques techniques. De plus, placé sous la subordination directe de l’employeur, il ne peut pas pleinement analyser les causes organisationnelles, relationnelles ou managériales, souvent invisibles à son niveau d’intervention.

 

 

Une dérive silencieuse : l’externalisation massive du personnel

 

Une autre dérive, plus subtile, réside dans la multiplication des sociétés de mise à disposition de personnel.

De plus en plus d’entreprises externalisent leurs responsabilités en matière de santé et sécurité, confiant cette charge à des prestataires externes, dans l’espoir de se prémunir juridiquement tout en limitant les risques de conflits sociaux.

 

Cependant, cette stratégie ne constitue pas une solution. Même si les mouvements d’humeur peuvent être temporairement maîtrisés, la mécontentement interne atteindra son paroxysme, l’image de l’entreprise en pâtira directement, et les conflits risquent de s’intensifier. La grève n’est alors qu’une question de temps.

 

La vraie sécurité ne s’externalise pas.

Elle se construit de l’intérieur, avec un CSST opérationnel et une culture de prévention assumée.

 

Steeven BEKALE 

Expert CSST et Dialogue Social

 

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0