CPCES, CSST… des structures conçues pour rester muettes ?

Le Code du travail gabonais prévoit deux instances majeures pour organiser le dialogue social et améliorer les conditions de travail :

 

le CPCES (Comité Permanent de Concertation Économique et Sociale) et le CSST (Comité de Sécurité et de Santé au Travail).

 

Sur le papier, leur rôle est fondamental.

 

Le CPCES peut contribuer à réorganiser le travail contribuer a l'amélioration des risques professionnels, améliorer la productivité, renforcer la qualité de la production, mais aussi accompagner l’introduction de nouvelles technologies ou de nouveaux équipements.

 

Le CPCES peut également se prononcer sur l’exploitation optimale des installations, l’utilisation rationnelle des ressources humaines, la discipline générale et les conditions de travail dans l’entreprise à l’exception des questions de rémunération.

 

Ils jouent aussi un rôle dans le développement des compétences. En lien avec le ministère compétent, ils participent à l’élaboration des programmes de formation professionnelle et de perfectionnement du personnel. Ils peuvent être force de proposition sur toute mesure visant à renforcer l’implication des travailleurs dans les tâches qui leur sont confiées.

 

 

Mais dans la réalité, ces comités brillent par leur silence.

 

Ce paradoxe n’est pas un accident. Il est structurel.


Le système actuel est conçu pour leur ôter toute influence réelle.

Prenons le cas du CPCES.


Une seule réunion obligatoire par an. Aucune obligation de compte rendu, aucun suivi, aucun budget dédié.
Et malgré cela, on attend de lui qu’il formule des avis stratégiques, qu’il contribue à la formation et à la performance des salariés.

 

Le constat est similaire pour le CSST.


Les réunions sont rares, les membres peu formés, les décisions sans effet.


Ce comité, censé piloter la prévention des risques, devient une coquille vide.

 

En réduisant ces instances à de simples formalités, le système produit plusieurs effets délétères :
il détourne les salariés de toute participation, prive les employeurs d’un espace d’écoute et d’amélioration, marginalise les syndicats et freine toute dynamique d’équipe.

 

Pourtant, ce sont bien ces deux comités qui détiennent les clés d’un environnement de travail plus sain, plus productif et plus apaisé.

 

Le CSST, correctement animé, peut prévenir les accidents, améliorer les conditions de travail et restaurer la confiance entre les salariés et la direction.


Le CPCES, s’il est actif, peut anticiper les tensions sociales, favoriser la transparence et accompagner les transformations de l’entreprise.

 

Mais pour qu’ils remplissent leur mission, encore faut-il qu’on les laisse vivre.


Cela passe par une reconnaissance claire de leur rôle, des moyens concrets, des formations adaptées et une volonté politique de les écouter.

 

 

Il est temps de sortir de cette logique de façade.


Le CPCES et le CSST ne sont pas des obstacles.
Ce sont des outils puissants, capables de remettre l’humain et la performance au centre de l’organisation du travail.

 

Steeven BEKALE 

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